Compilation et lecture d’un texte sont généralement considérées comme relevant du même type de travail .Or, nous tenons à clairement les distinguer.
Si la lecture demande dans un premier temps une compilation (de la nécessité de se cultiver), elle est avant tout une lecture singulière. Singulière signifie ici : personnelle et subjective. C’est un exposé à chaud, l’expression d’une pensée vivante dans un temps donné. C’est la pensée en mouvement d’un lecteur traversé par sa (ses) culture(s), sa (ses) pratique(s) professionnelle(s)ou pas, son vécu, et, l’instant où cette pensée se confronte, s’aiguise et parfois se transforme au contact de la pensée d’un autre, l’auteur. En ce sens la lecture est toujours un acte solitaire qui ne cherche pas l’accord du collectif.
Cela ne signifie pas pour autant devoir uniquement travailler seul. Le groupe auquel on fait part de « là où on en est » de sa lecture favorise, lui aussi, par son écoute et ses questions l’évolution de la pensée du lecteur. Il permet d’en tester la cohérence.
C’est un lieu où, en partant d’un travail qui a été fait sur une question concernant le champ de l’analyse, on en fait une lecture, et « en faire la lecture », c’est inventer sa version d’un texte et participer au remaniement théorique.
Extrait de : « la formation du psychanalyste à l’a’psychanalyse » Marc Thiberge : "Après, les lieux d’études, les lieux de lecture, c’est totalement différent. On est déjà dans une sorte de perspective où en ayant accédé par une psychanalyse personnelle au lien social, en principe, on est devenu un petit peu, ou on est redevenu un peu inventif. Les lieux de lecture sont des lieux où partant d’un travail qui a été fait sur une question concernant le champ de l’analyse, puisqu’on parle de psychanalyse, on fait des lectures, et faire la lecture, c’est inventer sa version d’un texte. Au fond, un texte nous intéresse tant qu’il a suffisamment d’opacité pour continuer à permettre des lectures qui n’avaient pas encore été faites jusqu’à aujourd’hui. Il y a des textes savants mais qui sont vides. Il y a des textes qui apparaissent d’une grande facilité comme les textes freudiens et qui résistent. Ce sont d’excellents textes qui sont encore disponibles actuellement pour l’invention des analystes. Il faut dire que les textes de Freud, sont en majeure partie des écrits. Ça laisse à sa périphérie ce qui en fait l’os. Alors, bien sûr un lieu de lecture, c’est déjà très discutable de s’engager là-dedans quand on est soi-même au cours d’une analyse et qu’on n’a pas encore accédé à la parole. On est dans des moments où malgré tout, on est vite fasciné par tout ce qui se présente comme prêt à porter, parce qu’on est tellement en difficulté qu’on ne sait pas comment faire et que s’il y en a un qui pouvait se charger pour nous, d’avoir à penser notre vie, évidemment, on ne se priverait pas d’y avoir recours… "
Le groupe de lecture est ouvert à tous les membres inscrits qui remplissent la condition d’avoir une pratique analytique. Nos "lectures" portent aussi bien sur des textes de la tradition psychanalytique (Freud, Lacan, Klein….) que des contemporains ( Benasayag, Castoriadis, Thiberge…). Participantes: Josette Beneteau, Catherine Jobert, Marina Mariotti et Annette Noel.
Un écrit pourra être produit à l’issue de la lecture. Il ne sera édité sur le bulletin annuel d’Alters qu’avec l’accord de son l’auteur